Des surfaces en recul malgré une consommation qui repart

Chaque année, au début du mois de juin, l’Agence BIO publie son rapport annuel sur les évolutions du bio en France. Grâce au travail de son Observatoire et du Système d’Informations, ces données permettent de dresser un état des lieux complet du bio, du champ à l’assiette, en confrontant notamment les surfaces cultivées avec les débouchés pour les producteurs bio.
Le bio dans les assiettes : une consommation toujours dynamique
Une légère croissance du marché : en 2024, le marché bio progresse de 0,8% en valeur, atteignant 12,2 milliards d’euros. Le bio représente toujours 6% des achats alimentaires des ménages français. Tous les circuits de distribution sont en hausse, à l’exception de la grande distribution, qui recule pour la 4ème année consécutive.
Une forte part d’importations : 29% des produits bio consommés en France sont importés, dont près des trois quarts sont des produits tropicaux.
Le bio majoritairement consommé à domicile : 92% des produits bio sont achetés pour être consommés à la maison, contre seulement 8% via la restauration ou la cantine.
Le bio dans les champs : un recul inédit des surfaces cultivées
Une baisse des surfaces agricoles bio : malgré un maintien de la part bio à environ 10% de la surface agricole utile (SAU), le bio recule de 56 000 hectares en 2024, prolongeant une tendance amorcée l’an dernier avec une baisse de 54 000 hectares. Sur deux ans, cela représente près de 4% de recul.
Une baisse marquée dans les grandes cultures : les surfaces consacrées aux céréales, oléagineux, protéagineux et légumes secs ont chuté de 12%.
La viticulture bio fléchit mais reste leader : pour la première fois, la viticulture recule de 4%, tout en restant la filière la plus bio, avec un vignoble français qui reste le premier mondial. Le secteur a même dépassé l’objectif national de 21% de surfaces en bio.
Progrès outre-mer et élevage bio : les surfaces bio en outre-mer progressent, représentant désormais 0,5% du total national. Par ailleurs, environ 61% des surfaces bio sont dédiées à l’élevage et 15% des fermes françaises sont certifiées bio.
Entre champs et assiettes : un secteur transformation et vente en recul
Les acteurs de la transformation et de la vente bio enregistrent une baisse de 5%, pointant un ajustement nécessaire entre l’offre agricole et les circuits de distribution.
Le millésime 2024 du bio en France révèle un paradoxe : la consommation bio continue de croître légèrement portée par un engouement certain des consommateurs, tandis que les surfaces agricoles bio reculent pour la deuxième année consécutive. Cette situation interpelle sur les dynamiques structurelles du secteur, la capacité des producteurs à répondre à la demande et la nécessité d’accompagner les filières dans une transition durable et équilibrée.